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Index de Enfermería

versión On-line ISSN 1699-5988versión impresa ISSN 1132-1296

Index Enferm vol.32 no.1 Granada ene./mar. 2023  Epub 18-Sep-2023

https://dx.doi.org/10.58807/indexenferm20232723 

Informes Especiales

La recherche infirmière en France

La investigación enfermera en Francia

Nursing Research in France

A Margat1  , D Naudin1  , C Eymard2  , V Berger3  , R Zintchem1  4  , AA Sillet5  , N Goutté6  , M Rothan-Tondeur1 

1Université Paris 13, Sorbonne Paris Cité, Chaire Recherche Sciences infirmières, Laboratoire Educations et Pratiques de Santé (LEPS), (EA 3412), UFR SMBH, F-93017, Bobigny, France

2Université Aix-Marseille, Laboratoire Apprentissage, Didactique, Evaluation, Formation (ADEF) EA 3641, France

3Université Aix-Marseille, Laboratoire Apprentissage, Didactique, Evaluation, Formation (ADEF) EA 3641, France

4Institut de Formation en Soins Infirmiers Avicenne-Jean Verdier (CFDC/ AP-HP), Université Paris 13, France

5BIU Santé, Université Paris Descartes, Paris, France

6Groupe hospitalo-universitaire Paris Sud; Assistance Publique Hôpitaux de Paris; Hôpital Paul Brousse, INSERM UMR 1193, DHU Hépatinov, France

Résumé

Cet article se propose de présenter un état des lieux la recherche infirmière en France. Pour cela, il sera structuré selon trois grandes thématiques: l'activité de recherches à partir de 3 études originales, la promotion de la recherche, puis la gestion et le transfert de connaissances. En France, les enjeux de la recherche en Science infirmière sont riches et variés mais doivent susciter plusieurs points de réflexion. Alors qu'il y a de plus en plus d'infirmières française chercheuses, les thèmes de recherche sont encore principalement influencés par le financement des recherches. Par ailleurs, ils sont aussi choisis en fonction des intérêts personnels du chercheur. Pour finir, le fossé entre théorie et pratique existe comme dans tous les pays et le réinvestissement de la recherche dans la pratique semble être un problème général. Il semble que l'universitarisation et notamment la création de corps bi-appartenants devrait sans doute contribuer à réduire ce fossé entre théorie et pratique.

Mots clés: Sciences infirmières; Recherche en soins infirmiers

Resumen

Este artículo tiene como objetivo presentar una visión general de la investigación en enfermería en Francia. Para ello, se estructurará de acuerdo con tres temas principales: actividad de investigación a partir de 3 estudios originales, promoción de la investigación, luego gestión y transferencia de conocimiento. En Francia, los desafíos de la investigación en ciencias de enfermería son ricos y variados, pero deberían dar lugar a varios puntos de reflexión. Si bien hay cada vez más enfermeras investigadoras francesas, los temas de investigación aún están influenciados principalmente por la financiación de la investigación. También se eligen en función de los intereses personales del investigador. Finalmente, la brecha entre la teoría y la práctica existe como en todos los países y la reinversión de la investigación en la práctica parece ser un problema general. Parece que la universalización y, en particular, la creación de posiciones de doble membresía indudablemente deberían ayudar a reducir esta brecha entre la teoría y la práctica.

Palabras clave: Ciencias de enfermería; Investigación en enfermería

Abstract

This article aims to present an overview of nursing research in France. To this end, it will be structured according to three main themes: research activity based on 3 original studies, the promotion of research, and knowledge management and transfer. In France, the challenges of nursing research are rich and varied but must give rise to several points of reflection. While there are more and more French nurse researchers, research themes are still mainly influenced by research funding. In addition, they are also chosen according to the researcher's personal interests. Finally, the gap between theory and practice exists as in all countries and the reinvestment of research into practice seems to be a general problem. It seems that universitarisation and in particular the creation of dual membership positions should undoubtedly help to reduce this gap between theory and practice.

Keywords: Nursing Science; Nursing research

Introduction

On constate, depuis maintenant plus de 40 ans, une évolution unanimement reconnue des problèmes de santé marquée notamment, par le recul de certaines maladies infectieuses et le développement des maladies chroniques. En effet, les progrès réalisés par la recherche dans les domaines « de l'hygiène, de la nutrition, de l'antibiothérapie et de la vaccination ont relégué, depuis plusieurs décennies, les maladies infectieuses au second plan de la mortalité et de la morbidité».1Cela a concouru à l'allongement de l'espérance de vie et conjointement l'augmentation de la prévalence de certaines pathologies, autrefois mortelles.

De nouveaux besoins de santé sont alors apparus dans la population. Pour les professionnels, ils nécessitent de relever de nouveaux défis. Il ne s'agit plus uniquement de guérir mais aussi de maintenir un état de santé, notamment chez les personnes atteintes de maladies chroniques.2 En effet, les malades chroniques sont devenues des partenaires de choix pour faire face à cette évolution des problèmes de santé. Il s'agit pour eux de retrouver «du contrôle là où justement la maladie et l'entrée dans le rôle de malade l'en ont dépossédé».3 Ces changements interviennent dans un environnement subissant une forte contrainte économique qui place la pertinence, l'efficacité, l'efficience et la sécurité au premier plan.

Les professionnels de santé doivent s'adapter pour rester performants.4 S'adapter c'est positionner ses pratiques sur un socle de connaissances à la fois solide et en constante évolution. En effet, «dans un système de santé en profonde mutation, il est essentiel que chaque groupe professionnel asseye ses références de pratique de manière à contribuer sur des bases identitaires solides à la construction de dispositifs de dispensation des soins pluri-professionnels et au développement de travaux de recherche sur les services de santé montrant leur apport et les conditions de leur fonctionnement en partenariat avec les personnes soignées».4

La profession infirmière est un exemple où la recherche a fait évoluer, dans le monde, à la fois la santé de la population et la profession elle-même. C'est ainsi que dans les pays qui ont fait le choix - pour certains, depuis des décennies (comme aux Etats-Unis) - d'instituer les sciences infirmières en discipline académique, on a pu assister à un développement de la capacité de recherche dans ce domaine, d'autant plus marquée par l'universitarisation de l'appareil de formation en soins infirmiers. Cette évolution a favorisé l'émergence et l'affirmation d'une culture scientifique au sein du groupe professionnel tout entier.

En France, il aura fallu attendre les années 2000 pour voir réellement émerger une culture plus généralisée de la recherche infirmière, sous l'impulsion de pionniers, mais aussi d'évolutions académiques, réglementaires, situationnelles et politiques. On peut ainsi noter: la réingénierie des diplômes des professions paramédicales qui a introduit la notion de recherche en tant qu'investigation systématique; l'inscription de la recherche et de l'innovation dans les domaines des soins infirmiers, de rééducation et médicotechnique, dans la loi Hôpital Patients Santé Territoires (HPST);5 et l'impulsion donné par le Programme Hospitalier de Recherche Infirmière et Paramédicale (PHRIP), un programme de financements émanant de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) du Ministère de la Santé mis en place avec Madame Roselyne Bachelot (ministre de la santé) en 2009.

La recherche paramédicale est donc maintenant clairement inscrite dans les textes et reconnue comme une nécessité pour la régulation, l'amélioration et la progression au plus haut niveau des pratiques professionnelles de soin destinées à la population.

Plusieurs centres hospitaliers universitaires accompagnent déjà les paramédicaux dans cette direction en leur permettant de suivre des parcours universitaires jusqu'au niveau doctorat. Néanmoins, il n'existait à ce jour, aucune mesure de l'activité de la recherche infirmière en France.

Dans ce contexte, cet article a pour objet de présenter un état des lieux de cette pratique de recherche au niveau national. Pour cela, il sera structuré selon trois grandes thématiques: l'activité de recherches à partir de 3 études originales, la promotion de la recherche, puis la gestion et le transfert de connaissances.

L'activité de recherche

L'activité de recherche infirmière en France n'est pas encore concrètement mesurée. À cet effet, une étude a été réalisée avec 3 outils.

Outil 1, Web Of Science. [Méthode] L'objectif de cette première analyse était de mesurer le nombre d'articles issus des revues de Nursing depuis 2003(Date à parti de laquelle les revues de Nursing ont été prise en compte dans Web Of Sciences) et pour lesquels au moins un auteur était Français. Nous sommes partis du postulat que dans ces revues, les principaux auteurs étaient infirmiers. Une recherche avancée dans Web Of Science a été effectuée dans l'ensemble de la base avec l'équation suivante {AD=France and SU=nursing}. Les données ont été extraites de Web of Science et reportées sur un fichier Excel (version 2013). L'évolution a été comparée avec celle du monde et une analyse des thèmes de recherche et des méthodes a été effectuée de 2016 à 2017.

[Résultats] Au total, on a pu recenser 72 395 articles issus des revues de nursing indexées dans Web Of Sciences de 2003 à 2017 compris. Dans le même temps il y a eu 327 articles dont au moins un auteur était Français, ce qui correspond à 0.4 % de la production mondiale. L'évolution depuis 2003 est linéaire dans le monde (figure 1), par comparaison moins importante et plus variable selon les années en France (figure 2).

Figure 1. Evolution de la production de recherche dans le monde. 

Figure 2. Evolution de la production de recherche dans le monde en France. 

Outil 2, GOPubMed. [Méthode] L'objectif de ce 2ème travail était une analyse quantitative et géographique des publications dans le monde avec un zoom sur le territoire Français. Sans être totalement exhaustif, cet outil avait pour but de situer la France par rapport aux autres pays. Une analyse a été effectuée avec le moteur GOPubMed. La recherche a été effectuée avec les équations suivantes «nursing research» [Mesh], et «NursingResearch» [Mesh] France [geo] pour le focus sur la France.

[Résultats] L'utilisation du terme Mesh «nursing research» a permis d'identifier 54 242 documents. L'analyse via l'option «statistique» du site GoPubmed permet de situer la France au 11ème rang mondial avec 374 publications soit moins de 0,7% des publications mondiales quand par exemple les Etats Unis classé au premier rang avec 18817 représente presque 35% des publications mondiales. Les quatre premiers pays (USA, Royaume Unis, Canada et Australie) représentent à eux seuls plus de 56% des publications. L'Europe (sans y inclure le Royaume Unis) représente plus de 7,8% des publications dans ce domaine.

L'évolution des publications mondiales contenant ce terme Mesh a connu une forte progression à partir de 1988 (385 publications) jusqu'à dépasser les 1500 publications annuelles à partir de 1991 se stabiliser jusqu'en 2002 et passer à plus de 2000 publications jusqu'en 2012 (figure 3). Depuis le nombre de publications avec ce terme Mesh ne cesse de diminuer pour passer sous les 1500 publications à partir de 2013 et même sous 750 publications depuis 2014.

Figure 3. Evolution des publications en recherche en soin infirmier depuis 1970 graphisme issue de GoPubmed. 

L'utilisation L'équation «Nursing Research» [Mesh] dans Pubmed donne des résultats superposables. Les résultats ont permis d'identifier 374 publications pour la France dont 272 (soit presque 73%) publiées dans des revues francophones. Paris et l'ile de France est la zone géographique la plus productive avec 112 publications. Le reste des publications se répartis sur le territoire dans les grandes agglomérations.

En ce qui concerne l'évolution des publications par année, on note un pic de progression à l'échelon national sur la période de 2005-2010, avec une baisse de nouveau (et un pic isolé en 2013: figure 4).

Figure 4. Nombre de publications des infirmières Françaises en recherche par année. 

Outil 3, Programme national de financement de la recherche infirmière. [Méthode] Le ministère de la santé français a mis en place en 2010 un programme annuel de financement de la recherche infirmière par appels à projets. Ce 3ème outil est donc une analyse transversale quantitative des projets présentés et acceptés sur la période 2010-2016 grâce à une base réalisée par le ministère de la santé dont les données ont été anonymisées. Les données ont été extraites puis transférées sur le logiciel R6 (version 3.3.2) pour l'analyse statistique et les illustrations ont été faites avec Excel (version 2013).

[Résultats] Au total, 544 projets de recherche infirmière ont été présentés entre 2010 et 2017 avec une constance dans le nombre de projets déposés, et une moyenne de 78 projets par an. Enfin en moyenne, près de 17% des projets proposés sont financés par le ministère de la santé, pour une somme totale de près de 10 million d'euros7 (figure 5).

Figure 5. Nombre et proportion de projets de recherche infirmières déposés au PHRIP et financés. 

Un classement des thématiques de recherche repose sur 7 catégories: (1) Les thérapeutiques non médicamenteuses tels l'hypnose, la musicothérapie, le toucher-massage, etc. (2) Le parcours de soin au sens large comprenant également la consultation infirmière. (3) Le soin direct pour exemple les cathéters, les escarres, la douleur, etc. (4) L'accompagnement, prenant également en compte la prise en charge. (5) Les outils comprenant à la fois les outils et échelles diagnostics et les outils électroniques pour le soin (ou détourner l'attention pour exemple). (6) L'éducation thérapeutique et l'alliance thérapeutique. (7) La gestion et le management ou la formation concernant directement la profession.

Une part dont la thématique n'est pas vraiment identifiable existe également. L'accompagnement (et la prise en charge) est le thème le plus fréquent (22.79%), suivi de près par le Soin direct (20.34%) et les thérapies non médicamenteuses (12.99%) (figure 6).

Figure 6. Thématiques des projets acceptés pour financements au PHRIP. 

Discussion de l'activité de recherche

Discussion des résultats des outils 1 et 2: une production scientifique irrégulière et centrée sur la France. Les résultats de l'outil 1 montrent que la France représente 0,4% de la production dans les revues de nursing. Si la courbe de progression mondiale des productions scientifiques est linéaire, celle de la France l'est moins. Cette donnée témoigne d'une inconstance en termes de régularité de production mais aussi d'une production relativement faible comparativement aux pays anglo-saxon. Ainsi les outils 1 et 2 permettent de poser un double constat:

  • 1) Les infirmières françaises ne publient pas suffisamment au regard des 0,7% de la part de la production mondiale recensée uniquement sur le terme «nursing research» [Mesh].

  • 2) Elles ne publient pas suffisamment à l'international mais soumettent essentiellement dans des revues Françaises (72% des articles). Bien que certaines de ces revues soient référencées à Pub Med, elles n'ont pas d'impact factor comme par exemple les revues anglo-saxonnes notamment celles référencées dans Web of Sciences. L'importance du nombre de publications sur le plan national rend difficilement possible toute comparaison de la qualité de la production des infirmières françaises par rapport à l'international. Cela ne préjuge cependant pas forcément des qualités scientifiques intrinsèques de ces recherches. Le nombre important des publications sur le plan national pourrait être en partie lié à un manque de maitrise de l'anglais de la part des auteurs mais aussi des lecteurs infirmiers en France. Ce constat pourrait aussi être lié à une stratégie de publication de la part de certains auteurs dont l'objectif premier serait d'être lu par leur communauté nationale.

Discussion des résultats de l'outil 3: le PHRIP vient majorer les publications. Le volume global de la production Française, même si elle reste insuffisante, connait comme pour l'ensemble des pays, une forte progression depuis 2005. Cette progression a été encouragée par la mise en place du programme national de financement nommé PHRIP. Le pic de progression de 2013 pourrait être directement lié aux publications des premiers travaux inities par ces programmes en 2010.

De ce point de vue, le 3ème outil concernant les PHRIP permet de compléter ce panorama de la recherche paramédicale en France. On constate une régularité en termes de nombre de PHRIP projet déposés mais également dans le nombre de projet financés (entre 15 et 20%).

Sur le plan des thématiques, on constate une grande diversité des thèmes qui reflète bien les différentes facettes de la profession. Les dimensions organisationnelles, managériales, techniques, relationnelles et éducatives sont ainsi abordées comme thématique de recherche.

D'un point de vue financier ces programmes ont engagé 10 millions d'euros de crédit: ce volume ne représente qu'une faible somme comparativement aux sommes allouées à la recherche médicale. La question se pose de savoir ce que deviennent les autres projets non financés? Ces projets peuvent être resoumis mais aussi donner lieu à d'autres modes de financement qui échappent alors aux modalités de suivi des programmes.

Discussion générale des résultats de l'analyse de l'activité de recherche. Les résultats des 3 outils rendent compte d'un manque de visibilité de la recherche infirmière en France. Un double mécanisme structurel pourrait expliquer pourquoi la recherche infirmière française est pour l'heure encore si peu visible pour la communauté internationale.

Un des points de difficultés structurelles expliquant nos résultats repose sur le fait qu'en France, il n'existe pas encore du cursus universitaire complet spécifique en «sciences infirmières» comme c'est par exemple le cas dans la plupart des pays anglo-saxons. Cette situation implique que les recherches infirmières se trouvent diluées dans la masse de production des recherches en santé, voire dans des champs contigus disciplinaires à la santé. A titre d'exemple, un infirmier doctorant qui est inscrit dans un laboratoire en sciences de l'éducation ou de philosophie sera incité à publier électivement dans ce champ. En d'autre terme l'existence d'un cursus universitaire allant jusqu'au doctorat et dédié spécifiquement aux sciences infirmières pourrait être source de productions professionnelles plus visibles. Cette structuration n'est pas encore effectivement en place pour le moment, même si les récents rapports8 et décrets9 laissent présager d'une réelle volonté politique d'initier un cursus doctoral spécifique qui pourrait être l'un des leviers essentiels pour soutenir la recherche infirmière.

Par ailleurs, de nombreuses recherches produites par les infirmières ont lieu dans les services cliniques et sont souvent cooptées par des médecins. Ceux-ci ont tendance, pour diverses raisons, à orienter les publications paramédicales et interdisciplinaires vers des revues médicales. Il est alors très difficile de repérer les auteurs et les co-auteurs infirmiers qui seraient impliqués dans ces articles, tout comme leur niveau d'implication dans ces études. Les hôpitaux Français se rendant compte du manque à gagner en terme de potentiel de recherche commencent à structurer la recherche infirmière et paramédicale au sein des services. Des dispositifs comme la création de postes de coordinateurs de recherche en soins infirmiers au sein de certains établissements pourraientconstituer un bon moyen pour aider à rendre visible ces travaux.

La promotion de la recherche

La recherche en santé figure parmi les priorités de la Stratégie Française Nationale de Santé. Par cette voie, la ministre des Solidarités et de la Santé entend notamment «renforcer la prévention et la promotion de la santé tout au long de la vie et dans tous les milieux».10 La mesure 15 de la grande conférence de santé publiée le 11 février 201611 a pour objectifs de faire émerger un corps d'enseignants-chercheurs paramédicaux, les mesures sont de favoriser l'accès des étudiants paramédicaux aux écoles doctorales existantes dans le domaine des sciences de santé, de favoriser l'émergence de nouvelles écoles doctorales à la demande des universités et de structurer des parcours d'accès aux études doctorales.

La direction générale de l'offre de soins (DGOS) élabore et s'assure de la mise en œuvre des politiques publiques à même de répondre aux défis auxquels fera face le système de santé dans les prochaines années.12 La DGOS applique des politiques concrètes sur notamment la performance et la qualité de l'offre de soins en soutenant la recherche et l'innovation en santé. Les efforts des politiques de santé de la France permettent d'agir tant au niveau de l'organisation de la recherche que dans son financement.

Les Groupements Interrégionaux de Recherche Clinique et d'Innovation (GIRCI)

L'organisation de la recherche en France est organisée au niveau régional mais aussi au sein des CHU et des grands centres de recherche (par exemple il existe une Délégation de la Recherche Clinique et de l'innovation pour l'Assistance publique Hôpitaux de Paris soit 39 établissements).13 Conformément à l'annexe IB de la circulaire du 29 juillet 2011,14 les missions confiées aux Délégations Interrégionales de Recherche Clinique (DIRC) ont été reconduites au sein des Groupements Interrégionaux de Recherche Clinique et d'Innovation (GIRCI). Les GIRCI ne sont cependant pas promoteurs de projets de recherche appliquée en santé.15 Les 7 GIRCI sont chargés de: (1) L'animation territoriale. (2) L'appui aux établissements, maisons ou centres de santé sans structure de recherche appliquée en santé. (3) L'information et l'orientation des professionnels de santé dans le domaine de la recherche appliquée en santé et de l'innovation. (4) La formation à la recherche appliquée en santé et pour l'accès à l'innovation.

Les GIRCI réalisent un recensement des contacts et thématiques de recherche appliquée en santé dans les établissements, maisons et centres de santé. Cette organisation favorise les partenariats dans le domaine de la recherche. Elles orientent les porteurs de projets et appuient les actions de recherche appliquée en santé portées par les établissements de santé ou les structures de médecine de ville. Ils ont établi par exemple un Thésaurus des Appels à Projets qui permet de trouver les appels à projets qui nous correspondent pour financer les projets de recherche. Ce portail a été développé par le GIRCI-Est en collaboration avec le GIRCI-GO via le CHU de Nantes (http://www.girci-est.fr/thesaurus/).

La recherche infirmière est ainsi accessible à des structures plus petites et bien souvent en relation avec les soins primaires. Cette mutualisation régionale permet une mise à disposition des expertises et permettra d'avoir une vision et donc une diffusion de la recherche infirmière au niveau national. Le Programme Hospitalier de Recherche Clinique Interrégional (PHRCI), pour lequel le ministère en charge de la santé délègue aux GIRCI l'organisation et la sélection des projets, est destiné aux équipes émergentes n'ayant encore jamais été financées dans le cadre de programmes de recherche nationaux.

Coordonnateurs paramedicaux de la recherche en soins infirmiers, de reeducation et medicotechniques (CPRSIRMT)

En France depuis 2014, a été créé un nouveau métier: Coordonnateurs paramédicaux de la recherche en soins infirmiers, de rééducation et médicotechniques. La Création et l'implémentation de ce CPRSIRMT doit permettre de favoriser le développement de la recherche paramédicale. Leurs missions sont, la formation (formation continue, sensibilisation, partenariat avec les universités), l'accompagnement des paramédicaux pour l'innovation et les processus de recherche, recherche de financement, la construction de réseaux avec les organismes de recherche (INSERM, CNRS…). Les CPRSIRMT sont plus ou moins représentés dans les établissements et souvent de manière très hétérogène. Ils ont un niveau de doctorat et gardent parfois une activité de recherche (le CPRSIRMT a une fiche métier qui lui permet d'avoir un temps recherche dédié). Leurs implications se font au niveau local, régional, national et international. La Création d'une Commission Nationale des Coordonnateurs Paramédicaux de la Recherche permet une visibilité au niveau national. Ces ambitions sont: (a) Contribuer aux réflexions nationales et internationales en lien avec la recherche infirmière et paramédicale; (b) Etre positionné en tant qu'acteur de la recherche paramédicale dans différentes instances ou groupes de travail à un niveau national; (c) Travailler avec d'autres groupes de travail et instances sur la thématique de la recherche par exemple le Collège infirmier français, les Sociétés savantes de tout champ concernant la santé.

Les financements

Les appels à projets de recherche. Pour financer les recherches en santé, de nombreux appels à projets sont ouverts chaque année. Certains sont thématiques (cancer, sida…), d'autre plus généraux dont ceux proposés par des organismes publics, l'un d'eux, le PHRIP, est réservé aux paramédicaux.

Parmi l'ensemble de ces appels à projets, ceux proposés par la DGOS (PF4) prennent une grande place. L'appel le plus connu est le Programme hospitalier pour la recherche clinique (PHRC). Il existe depuis 1992, et ses objectifs sont les suivants:16 (a) Dynamiser la recherche clinique hospitalière en vue de promouvoir le progrès médical ; (b) Participer à l'amélioration de la qualité des soins par l'évaluation de nouvelles méthodes diagnostiques et thérapeutiques. (c) Valider scientifiquement les nouvelles connaissances médicales en vue d'un repérage des innovations thérapeutiques et de la mise en œuvre de stratégies de diffusion dans le système de santé.

Les dernières années (2013-2014-2015-2016) ont permis un soutien de 616 projets avec 511 millions d'euros de financement.16 D'autres programmes de financement ont vu le jour dans ce même cadre comme notamment le Programme de recherche sur la performance du système de soins (PREPS) et, comme nous le disions plus haut, le Programme hospitalier pour la recherche infirmière et paramédicale (PHRIP – voir paragraphe spécifique).

Naturellement, les programmes de financements de la DGOS ne sont pas les seuls appels à projets auxquels il est possible d'avoir recours. Dans ce cadre l'Agence nationale de la recherche (ANR) a une place prépondérante. L'ANR a pour mission «de gérer de grands programmes d'investissements de l'Etat dans le champ de l'enseignement supérieur et de la recherche, et de suivre leur mise en œuvre», tel que le décret portant organisation et fonctionnement de l'Agence le stipule. Plus de 1000 projets sont financés par an dans plusieurs domaines. Par ailleurs, des appels à projets thématiques sont régulièrement ouverts comme dans le domaine du cancer pour exemple. D'autres institutions peuvent aussi répondre à des besoins de financement (INSERM, ANRS…).

Le Programme Hospitalier de Recherche Infirmière (PHRI) a été mis en place par le Ministère de la Santé et des Sports fin 2009 (Sur une idée du dernier auteur qui en a assuré la présidence les premières années). Il a été élargi l'année suivante aux autres professions paramédicales (PHRIP). Des Infirmières Diplômées d'Etat et professionnels de santé paramédicaux Investigateurs Principaux sont responsables de l'élaboration et de la conduite de leurs projets de recherche financés par les pouvoirs publics. Les infirmières ont répondu favorablement dès les premières années montrant par là leur intérêt pour les travaux de recherche. En effet, 25 projets de recherche sur 149 déposés par des infirmières hospitalières ont été financés dans ces années 2010-2011. Depuis son existence, 104 projets ont été financés pour une enveloppe de 10 millions d'euros (n'incluant pas 2015). Les membres du jury constatent à la fois une véritable évolution dans la rédaction des projets, mais également une grande disparité dans la qualité de construction des projets.7

Les bourses de doctorat. Au sein du plus grand centre hospitalier de France (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) et en partenariat avec le la département de la recherche, il existe un appel à projet doctoral infirmier depuis 2011. Cet appel à projet permet de financer pendant 3 ans un infirmier et de couvrir son remplacement au niveau de son hôpital d'origine. A ce jour, 11 projets ont été financés ou sont en cours de financement, 6 infirmiers ont soutenu leur thèse.

Le passeport temps recherche. La fondation recherche APHP, a mis en place une aide financière pour les paramédicaux soumettant des projets aux offres PHRIP ou PREPS.17 Cette aide finance les agents à hauteur de 2 jours d'heures supplémentaires pour le dépôt d'une lettre d'intention et de 5 jours d'heures supplémentaires pour le dépôt d'un protocole

Valorisation et diffusion: un prix national

Le savoir infirmier est important pour la construction de l'identité professionnelle, pour améliorer les pratiques au quotidien et proposer des pratiques innovantes au bénéfice des patients, de la santé et des populations. La recherche est un moyen pour développer ce savoir. Et la recherche infirmière existe dans notre pays, même si elle doit encore se développer. Il s'agit de la faire connaitre, de la valoriser.

Appuyer la recherche infirmière en France, c'est montrer aux infirmières de la reconnaissance, au regard de la contribution qu'elles apportent à la société et au système de santé, mais aussi leur rappeler qu'elles ont un devoir envers la société inscrit dans le Code de Santé Publique, devoir de fournir des soins pertinents, efficaces et efficients. C'est pourquoi un Prix National a été monté.

L'objectif du Prix National Recherche Sciences Infirmières (prix RSI) est de valoriser la recherche infirmière et de lui donner une lisibilité et ses lettres de noblesse. Ce prix a été décerné au Ministère de la Santé en présence de la ministre, en 2017, pour la première fois, à trois infirmières ou infirmiers (trois catégories) ayant contribué de manière exceptionnelle à l'avancement des connaissances et au développement de la pratique infirmière par leurs travaux de recherche et leur diffusion à la fois dans des revues indexées et dans des revues professionnelles.ce prix sera organisé tous les 2 ans.

Associations et reseaux français pour la Recherche Infirmiere

L'Association de Recherche en Soins Infirmiers (ARSI). L'ARSI est une association (loi 1901) sans but lucratif. Un des objectifs de l'ARSI est de diffuser le savoir le plus largement possible ces connaissances. Les objectifs de l'ARSI: (a) Développer, soutenir, diffuser la recherche ; (b) Former à la recherche ; (c) Collaborer à la recherche en France, en Europe et au niveau international.

Residoc: Réseau des infirmiers docteurs en sciences. La constitution du Réseau des infirmiers docteurs en sciences est issue d'une initiative de l'ARSI. Cette démarche s'inscrit dans le prolongement de la mise à disposition sur son site, depuis de nombreuses années, d'un réseau de chercheurs constituant une importante base de données.

En France, plusieurs infirmières sont titulaires d'un doctorat en sciences dans diverses disciplines. Cependant, l'investissement dans l'exercice professionnel des acquis de ces formations universitaires étant peu visible, la possibilité de faire connaître et de mutualiser ces compétences apparaissait comme une opportunité. Une première réunion en janvier 2010, à laquelle étaient conviées toutes les infirmières qui s'étaient identifiées titulaires d'un doctorat ou doctorantes dans l'enquête réalisée par l'ARSI (2009), a permis la rencontre de personnes aux parcours individuels divers. Par la suite le réseau s'est constitué, progressivement rejoint par de nouveaux membres jusqu'à prendre le nom de ResIDoc en 2011.

Les objectifs sont, le développement des réflexions épistémologiques relatives aux soins infirmiers et le développement d'un réseau de chercheurs en soins infirmiers en mutualisant les compétences acquises lors de formations universitaires de grade doctorat.

Revues. La revue Recherche en Soins Infirmiers (RSI) revue crée par l'ARSI, existe depuis 1985 et a pour but de diffuser les articles de recherche, d'approfondissement sur un sujet documenté, de réflexion épistémologique ou de méthodologie pour aider à: (a) comprendre la notion de santé et les comportements de santé, l'expérience de la maladie chez des individus et au sein des familles et des collectivités tout au long de la vie; (b) concourir au développement des connaissances soignantes sur la promotion de la santé, la prévention des maladies et le confort durant la maladie et en fin de vie; (c) les systèmes de soins de santé, de management et de gestion des ressources; (d) le développement professionnel et la pédagogie…; (e) stimuler la recherche future par la diffusion d'idées novatrices, de nouvelles technologies et techniques, de nouveaux outils; (f) exploiter diverses méthodes de recherche pour lever les défis de la recherche en soins infirmiers et participer à construire la discipline sciences infirmières.

Chaque numéro de la revue propose: (a) une recherche en soins infirmiers publiée dans son intégralité ; (b) des informations sur la recherche ; (c) un article de méthodologie de recherche utile pour toutes les personnes effectuant des recherches ou mémoires.

Le site Cairn.info met à disposition un nombre croissant de publications de sciences humaines et sociales de langue française en texte intégral. Depuis janvier 2014, avec CAIRN.info, l'accès à notre revue est possible directement en ligne (ISSN 2271- 8362).

La Revue francophone internationale de recherche infirmière (REFIRI) est une revue scientifique trimestrielle en ligne uniquement, elle existe depuis 2015. Elle s'adresse donc à toute la communauté infirmière francophone et internationale.

Les objectifs de cette revue sont nombreux. Ils veulent promouvoir la recherche en sciences infirmières dans l'espace francophone international, contribuer au développement et à la diffusion des savoirs infirmiers dans la communauté infirmière, d'optimiser l'impact des travaux et enfin contribuer ainsi à l'actualisation des pratiques.18 Cette revue est diffusée par Science Direct (ISSN: 2352-8028 l'éditeur: Elsevier Masson).

Les Conferences et Congres

Les conférences ou journées d'études sont nombreuses et il y a chaque année, au minimum une conférence par GIRCI organisées en 1 ou 2 journées. Pour exemples on peut noter tout réccemment: la Journée Sciences Infirmière et Recherche Paramédicale – JSIRP 2018; les Journées Francophones de Recherche en soins (JFRS) - CHU Angers; la 5e journée de recherche infirmière et paramédicale de l'AP-HP…). On note également que les congrès médicaux nationaux de spécialités accueillent des journées dédiées à la recherche infirmière dans leur spécialité: (Congrès de la SFAP (Soin palliatif); Congrès SFAR (Réanimation et anesthésie), etc.

Pour certains établissements, des séminaires locaux sont aussi organisés. Par ailleurs, La Chaire Recherche Sciences infirmières, au sein de l'Université Paris 13, Sorbonne Paris Cité, Laboratoire Educations et Pratiques de Santé (LEPS), (EA 3412), organise tous les 2 mois des séminaires. Ces séminaires ont un format unique: une conférence de culture générale en recherche pour connaitre les autres domaines de recherche, un topo portant sur une recherche ou innovation en soins et enfin une lecture critique d'un article récent. Ces séminaires sont internationaux en visioconférence avec des pays également non francophones (traduction simultanée).

Au total. Malgré les efforts des institutions et les divers plans de politique de santé et de l'enseignement supérieur, la recherche en soins infirmiers est malgré tout hétérogène sur le territoire français.

Les actions sont souvent encore issues de fait d'individus isolés ou de petites équipes. Pourtant, les recherches appliquées aux soins et à l'offre de soins et l'innovation sont essentielles à l'amélioration de la prise en charge des patients. Elles constituent un levier d'efficience et d'assurance qualité tant au niveau national qu'international. En France, comme nous venons de le voir, l'avancée est considérable mais le chemin est encore long. Cependant, les dispositifs de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) qui attribue des financements publics, les bourses doctorales et les financements privés, font avancer la recherche infirmière. L'implication d'infirmiers de plus en plus nombreux dans des sociétés savantes nationales ou internationales permet aussi de mettre en évidence le mouvement amorcé.

La gestion et le transfert des connaissances

L'actualisation des connaissances dans le domaine de la santé et des sciences infirmières constitue un enjeu majeur socio-économique et humain. Selon le code de la santé publique Français, «les établissements de santé élaborent et mettent en œuvre une politique d'amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins et une gestion des risques visant à prévenir et traiter les évènements indésirables liés à leurs activités».19 Cependant, le fondement des pratiques de soins sur les données probantes n'est pas une réalité dans tous les centres Hospitaliers. On comprend l'importance pour chaque système de soins de capitaliser les connaissances, les partager entre les professionnels et les faire évoluer au regard de l'évaluation des pratiques et des résultats probants pour fournir des soins exemplaires. Où en sommes-nous en France au regard des facteurs favorisants la gestion et le transfert de connaissances?

Si nous ne pouvons pas attester scientifiquement de l'état de ce processus, plusieurs éléments factuels permettent d'affirmer qu'il évolue favorablement depuis 2010.

  • - La stratégie de partage et de capitalisation des connaissances au niveau régional, national et international s'appuie sur l'immersion de chercheurs dans les centres de soins, le processus de communication entre les communautés de savoirs et de pratiques, la coopération entre les différents acteurs (chercheurs, praticiens, patients), les directions des établissements de santé, les instances régionales, nationales et internationales. La création de postes d'Hospitalo-Universitaires favorise la production de connaissances en lien avec des problématiques de terrain et la diffusion des données probantes. Diffusion qui se fait davantage dans les communautés professionnelles que scientifiques, même si les publications sont en augmentation; ce qui constitue un frein à l'influence internationale. Les colloques par grande région ou spécialités, nationaux et internationaux sont autant de temps de partage des connaissances entre chercheurs et praticiens. Plusieurs réseaux de praticiens et de chercheurs se sont constitués avec des liens régionaux, nationaux et internationaux. Ils renforcent le potentiel de connexion entre les différents acteurs et favorisent la mise à disposition des ressources. C'est dans ce cadre qu'est née la Commission Nationale des Coordonnateurs Paramédicaux de la recherche des CHU (CNCPR). Citons aussi, l'exemple du colloque inter régional du grand Sud-Ouest réunissant chaque année plus de 500 participants et celui en santé mentale, du Groupe de recherche en soins Infirmiers de Saint-Cyr-en Mont-d'or. Ces réseaux soutiennent et développent la production et la capitalisation de connaissances, l'évaluation et l'actualisation des pratiques, l'évolution de la place des usagers dans les soins dans une dynamique inter établissement. Chaque année, chercheurs et praticiens se retrouvent et discutent des connaissances produites.

  • - Les nouvelles connaissances ne s'implantent pas ipso facto dans un terrain. Cela nécessite une évaluation des productions scientifiques et de leur pertinence dans le champ des pratiques considérées. Le processus de concertation avec les professionnels est une étape incontournable incluant une analyse des pratiques et du bénéfice en termes de qualité des soins du changement, l'organisation de l'évaluation de l'utilisation des nouvelles connaissances.20,21 Cette mission incombe aux infirmières de Pratiques avancées, aux infirmiers coordonnateurs de la recherche et aux cadres de santé. Leur leadership en gestion des connaissances est un facteur de réussite du transfert des connaissances.22,23 En France le métier d'infirmière de Pratiques avancées est expérimenté depuis 2012 et le décret vient d'être publié.24 Leur rôle est déterminant pour le transfert des données probantes. L'organisation de l'environnement est donc primordiale pour la gestion du personnel et du temps alloué à cette mission.

  • - Certains types d'intervention (recherche-action, contextualisée, translationnelle) incluent le processus de transfert des connaissances. Par exemple, une recherche sur la stratégie d'implantation d'une échelle d'évaluation du risque de constipation du patient hospitalisé a été réalisée en référence au modèle de Fixsen et al.20 Elle a mis en évidence les obstacles à l'utilisation des connaissances et les mesures à prendre en compte pour implanter de nouveaux outils cliniques dans la pratique.23

  • - La compétence à lire et critiquer les articles scientifiques est déterminante dans le processus d'actualisation des connaissances. La mise en place de clubs de lecture dans certains Centres Hospitaliers a été primée. Au CHU de Bordeaux, des binômes par unité de soins ont pour objectif d'implanter les données identifiées comme pertinentes lors de ces lectures. L'universitarisation de la formation est en cours depuis 2012. Le nombre d'infirmières titulaires d'un Master ou d'un doctorat est en constante augmentation. L'utilisation des articles scientifiques et des résultats probants au sein de dispositifs pédagogiques contribue aussi au développement de la culture scientifique et pratique des infirmiers. La FNESI crée sur un large mouvement social des étudiants en Soins Infirmiers dans les années 2000, agit pour l'amélioration des conditions de vie et d'études des étudiants mais aussi pour l'évolution de la formation et de la profession. Force de proposition auprès des pouvoirs publics, elle est engagée dans la production, la gestion et le transfert de connaissances en sciences infirmières.

L'impact social des connaissances infirmières est en croissance avec notamment notre contribution dans l'évaluation des productions scientifiques (projets de recherche, des financements de la recherche, des articles scientifiques…), la création de postes de coordonnateurs de la recherche, le développement du niveau d'autonomie (création de postes d'infirmières de pratiques avancées dans le secteur Hospitalier et des soins à domicile), la création de postes d'enseignants-chercheurs universitaires. Aussi, dans le domaine des soins infirmiers, il semble important que des réflexions s'organisent pour favoriser le transfert de connaissances au plus près des infirmières où les enjeux sont importants.25-27

Conclusion

Aujourd'hui, il y a de plus en plus d'infirmières française chercheuses, et les projets financés dans le cadre du PHRIP en sont le témoin, tout comme leur intégration dans des laboratoires de recherche. Très récemment se développe des postes hospitalo-universitaires et cette évolution devraient permettre, d'une part, de favoriser la culture de recherche au sein des établissements de santé par notamment l'implémentation des nouvelles connaissances pour des soins exemplaires. D'autre part, ces nouveaux postes devraient encourager des recherches pluridisciplinaires, utilisant des méthodologies mixtes, des données statistiques, et des approches qualitatives qui permettront de mieux appréhender les besoins en santé de demain.

Dans ce contexte, les universités sont de plus en plus attentives et perçoivent leur rôle dans cette évolution et l'accès des infirmières à des formations au plus haut niveau (Master, doctorat) dans diverses disciplines. Il est alors important de définir les exigences de formation à et par la recherche, en termes de compétences à développer et de savoir à transmettre dans les différents niveaux (Licence, master et doctorat). La création dans un futur très proche en France de la discipline infirmière permettra d'asseoir notre profession d'un point de vue des exigences académiques comme toutes disciplines universitaires. Ces perspectives s'ancrent aussi dans les enjeux des Centres Hospitalo-Universitaires soutenant les infirmières françaises qui souhaitent s'engager dans un tel cursus universitaire pour enrichir de facto le milieu clinique et le milieu académique au service des besoins des usagers et bénéficiaires de demain.

Acknowledgements

Remerciements

Les auteurs remercient l'équipe du bureau "Innovation et recherche clinique" (PF4) de la Direction Générale de l'Offre de Soin du ministère de la santé pour cette base d'une importance capitale et Notamment Aline GUERCI.

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Received: December 14, 2018; Accepted: March 19, 2019

CORRESPONDENCIA: M. Rothan-Tondeur rothan-tondeur@univ-paris13.fr

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